Les
incorporés de force d'Alsace et de Moselle, les «Malgré-nous»
Déjà, après la première guerre
mondiale(14-18), une association d'anciens combattants mosellans choisit
dès 1921 de se dénommer "Malgré-nous"
Un des épisodes les plus
dramatiques de l'histoire de l'Alsace annexée de force en 1940, et non
de droit comme en 1870, fut l'incorporation de force dans l'armée
Allemande à partir de 1942 d'environ 130.000 Alsaciens et 30.000
Mosellans pour combattre sur le front Russe . Ces hommes furent
surnommés les "malgré-nous"
Le Gauleiter Wagner,
chef de l'administration civile en Alsace dès 1940 s'efforça d'inciter
le plus grand nombre possible d'Alsaciens à se porter volontaires pour
la Waffen-SS ou la Wehrmacht. Les résultats furent loin des objectifs,
entre début octobre et fin novembre 1940 il y eut seulement 32
volontaires et un total de 2.100 avant l'incorporation obligatoire.
C'est le général Keitel,
Generalfeldmarschall depuis juillet 1940 (déjà en 1938 chef du
haut-commandement de la Wehrmacht) qui, en liaison avec Wagner (les deux
installés à Strasbourg) décidèrent, sur instructions d'Hitler,
l'incorporation obligatoire des Alsaciens et Lorrains essentiellement
dans la Wehrmacht. Cette incorporation incluait les hommes nés en 1922,
23 et 24 et commença le 12 octobre 1942. Celle-ci se terminera le 8
février 1944.
Si les appelés
décidèrent au début de refuser et d'envisager une fuite en France, ils y
furent contraint, étant sujets à la loi martiale et à la peine de mort.
Ceux qui refusèrent de porter l'uniforme allemand, furent exécutés,
leurs biens mis sous séquestre et les familles déportées.
Ne faisant aucune
confiance aux recrues Alsaciennes et craignant leur désertion, les
Allemands décidèrent d'envoyer la plus grande majorité d'entre eux sur
le front Russe ou se trouvait déjà
la L.V.F. (Légion des Volontaires Français: engagés volontaires pour
aller combattre les communistes sur le front Russe) Les Russes ne
faisant aucune différence entre les Français de la LVF et les Alsaciens
enrôlés de force dans la Wehrmacht, les considérèrent tous comme des
traîtres et les tuaient systématiquement ou les faisaient parfois
prisonnier.
Le camp le plus connu
est celui de TAMBOV, aussi connu comme le camp N° 188, situé à 430 klm
au sud est de Moscou. Il semble qu'au début, les prisonniers Français,
comme les Allemands ont été envoyés dans une centaine de camps répartis
en Biélorussie, en Sibérie, en Prusse de l'Est et autres camps d'Asie
Centrale. Un certain regroupement s'est fait ultérieurement sur Tambov.
Des "malgré nous" ont
également été faits prisonniers par les Américains, Anglais et Français
des Forces Françaises Libres. Certains ont été prisonniers au Camp de La
Flèche dans la Sarthe, dans des conditions difficiles mais qui n'avaient
rien à voir avec les camps Soviétiques.
Il semble qu'à la
Libération, le Général de Gaule n'est pas intervenu en leur faveur, ne
voulant pas mécontenter Staline avec qui il envisageait certaines
alliances politiques, ni les communistes.
Ceux qui survécurent aux
camps et rentrèrent en France subirent, en plus, une terrible
humiliation, étant assimilés par certains aux volontaires de la LVF,
donc à des traîtres, et surtout diffamés par le parti communiste qui ne
tolérait pas qu'ils puissent dénoncer les souffrances subies dans les
camps Russes!
Une grande partie des
prisonniers est revenue en France en automne 1944, d'autres, prisonniers
dans d'autres camps du territoire Russe, ne rentrèrent qu'en 1945, 1946
et même 1947. Il semble que le dernier prisonnier soit rentré le 16
avril 1955 ! |